Baie des Veys

Description géographique des sites suivis pour ROME

Les stations étudiées pour le réseau Rome en Normandie se situent en baie des Veys, située sur le littoral français du canal de la Manche, et plus spécifiquement à l’intérieur de la baie de Seine. Cette zone estuarienne intertidale de 37 km2 est sous l’influence de quatre cours d’eau (la Douve et la Taute à l’Ouest, l’Aure et la Vire à l’Est) alimentant un bassin versant de 3725,7 km2. De régime macrotidal (marnage d’environ 8m), elle est à l’abri des houles de secteur Ouest, dominantes en Manche, mais exposée au fetch de nord-Est rencontré dans le secteur.
Les sites échantillonnés sont positionnés dans le continuum terre-mer de la baie. Le point Aure est situé à la jonction de l’Aure et de la Vire (Chenal d’Isigny), le point Géfosse (suivi par les réseaux REPHY/RHLN), positionné sur le flanc Est de la baie et en aval, est plus soumis à l’influence des quatre cours d’eau arrivant à la baie. Enfin, le point sur l’estran Géfosse suivi par le réseau ECOSCOPA permet d’étudier le compartiment microbien associé aux coquillages Crassostrea gigas (stationnant au moins 6 mois sur site). Ce secteur abrite une importante zone de production ostréicole sur table.

Localisation et coordonnées des trois sites ROME

-Point Aure (point eau pression anthropique) situé à la jonction de l’Aure et de la Vire : 49.3258; -1.1127
-Point Géfosse (point eau apports large) : 49.3902; -1.1073
-Point Géfosse (point coquillages) positionné sur la zone intertidale, flanc est de la baie : 49.389150 ; -1.099767

Des enjeux économiques liés à la conchyliculture dans la baie des Veys

La baie des Veys constitue l'un des trois bassins conchylicoles de Basse Normandie et représente une source économique importante de la région. L’exploitation du bassin conchylicole a commencé dans les années 60 et s’est développée sur 175 hectares. Il occupe 62 entreprises, et génère 190 emplois permanents et 134 saisonniers (source Gouvernement Calvados), d’où les forts enjeux socio-économiques de cet écosystème. Bien que la mytiliculture se soit développée pendant le début de l’exploitation du bassin, elle a connu un déclin au profit du développement de l’ostréiculture. Aujourd’hui, la production ostréicole commercialisée de la baie de Veys est dominante et oscille autour de 10 000 tonnes par an. Néanmoins depuis la dernière décennie, ce secteur subit régulièrement des mortalités d’individus adultes de Crassostrea gigas.

Des enjeux écologiques de préservation et conservation

La baie des Veys fait partie du Parc Naturel Régional des Marais du Cotentin et du Bessin, crée en 1991. Au cœur de la baie, la réserve naturelle du domaine de Beauguillot est un haut lieu de découverte de la nature. En effet, ce site accueil chaque hiver autour de 35 000 oiseaux d’eau et la seconde colonie française de phoques veau-marin. Les vastes zones intertidales sableuses et vaso-sableuses de la baie sont autant des lieux d’échanges et de production pour des espèces locales ou migratrices.

Enjeux liés aux impacts et/ou pollutions humaines dans la baie de Veys  

En tant qu’estuaire, la baie des Veys reçoit les apports du bassin versant associé, étant à cet effet impactée par les activités industrielles, agricoles et des villes en amont. En 1971, la baie est d’ailleurs classée insalubre, les principales sources de pollution provenant des agglomérations urbaines et de l’industrie, notamment laitière. D’importants efforts d’assainissement, tout particulièrement sur la Vire, ont permis à la baie de reconquérir cette salubrité en 1980. A ce jour, les indicateurs DCE (Directive Cadre sur l’Eau) actuellement définis sur la qualité biologique pour le phytoplancton et physico-chimique pour les nutriments (azote) montrent un « Bon état » et relativement stable. Néanmoins, les résultats de la qualité microbiologique du gisement de coques de Géfosse montrent une dégradation du milieu, d’où l’importance de la veille environnementale sur la baie ainsi que des mesures de gestions entreprises.

Activités d’études et de recherche menées par l’équipe du LER/N de Port en Bessin

La station Ifremer de Port en Bessin a, sur son périmètre géographique, un linéaire côtier de plus de 750km allant de la baie du Mont St Michel à la baie de Somme. Parmi ses activités, le laboratoire mène des études et des recherches sur :

  • la pollution chimique, l’enrichissement et la dystrophie occasionnés par les apports fluviaux et leurs impacts sur l’équilibre fragile des écosystèmes côtiers.
  • les communautés phytoplanctoniques (composition spécifique, biomasse, abondance, phénologie) et plus particulièrement des microalgues toxiques (apparition, dispersion, toxicité).
  • la mesure Haute Fréquence à vocation pérenne dont l’un des objectifs est de permettre de déceler l’origine des blooms phytoplanctoniques.
  • la caractérisation des interactions trophiques entre les producteurs primaires et les consommateurs primaires (principalement l’huître creuse).
  • la compréhension des socio-écosystèmes à vocation conchylicole et leur évolution.
  • la compréhension de la pollution par les plastiques - de la source à la mer.

Référente technique ROME pour la Baie de Veys : Sylvaine Francoise, https://annuaire.ifremer.fr/cv/16909/, Unité Littoral-LERN
Référente scientifique ROME pour la Baie de Veys : Tania Hernández Fariñas, https://annuaire.ifremer.fr/cv/18046/, Unité Littoral-LERN