Etang de Thau

Description géographique des sites suivis pour ROME

Les sites échantillonnés en Occitanie pour le projet ROME se situent dans la lagune de Thau.
La lagune de Thau est l’une des plus grandes lagunes côtières méditerranéennes. Euhaline, elle couvre une surface d’environ 6 790 hectares, avec une profondeur moyenne de 4,5 m, pouvant atteindre 10 mètres dans certains secteurs. Les échanges avec la mer se font principalement par les canaux de la ville de Sète à l’est (90% des échanges) et par le grau de Pisse‐ Saumes à l’ouest (moins de 10%). Le canal du Midi et le canal du Rhône à Sète représentent des entrées d’eaux saumâtres tandis que les apports en eau douce sont assurés par 11 cours d’eau.  Les sites échantillonnés dans le cadre de ROME sont positionnés dans le continuum terre-mer. Le point Crique de l’Angle – Exutoire de La Vène », est localisé dans la Crique de l’Angle, au droit de l’exutoire du cours d’eau La Vène. La Vène est l’un des deux cours d’eaux permanents et le principal du bassin – versant. Il est le seul à être alimenté par des sources karstiques, et reçoit les eaux usées traitées de la station d’épuration de la Montbazin. Le point Eau du Large Bouzigues est localisé à l’angle sud-est du secteur conchylicole de Bouzigues. Ce point, labellisé PHYTOBS, est également échantillonné dans le cadre des réseaux de contrôle sanitaire des zones de production de coquillages - microbiologique (REMI) et phycotoxinique (REPHYTOX), de suivi du phytoplancton (REPHY), de la contamination chimique (ROCCH), des nutriments et pesticides (OBSLAG). Simultanément aux prélèvements d’eau, des huîtres Crassostrea gigas sont également prélevées pour ROME au niveau de ce point.

Localisation et coordonnées des trois sites ROME

Point Crique de  l’Angle (eau, apports anthropiques): 43° 27.367'N,  3° 40.338'E
Point Bouzigues (eau du large) (43° 26.058'N, 3° 39.882'E)
Point Bouzigues (coquillage) (43° 26.058'N, 3° 39.882'E)

Le bassin-versant de la lagune de Thau de 280 km2 est occupé majoritairement par des espaces naturels et semi-naturels (garrigues, bois, friches et prairies), des espaces agricoles (principalement de la vigne, un peu de grande culture, maraîchage, d’arboriculture) et des zones urbaines concentrées principalement sur le pourtour nord ‐ est de la lagune de Thau, autour des communes de Sète et Balaruc ‐ les ‐ Bains. La population du bassin ‐ versant est de 103 500 habitants, dont la moitié sur la commune de Sète (INSEE, 2016).

Des enjeux économiques liés à la conchyliculture dans la lagune de Thau

Les principales activités économiques sont la pêche, la conchyliculture - reconnues comme activités prioritaires du territoire (SMVM en 1995 et SCOT en 2014) - la viticulture, les industries portuaires de Sète, les thermes de Balaruc-les-Bains, le tourisme, les loisirs et l’économie résidentielle. Dans le cadre des activités conchylicoles les coquillages sont mis en culture sur des parcs conchylicoles dont l’unité est une table de 50 m de long sur 10 m de large. Ces tables se répartissent d'est en ouest en trois secteurs (Bouzigues, Mèze et Marseillan) couvrant 20% de la surface de la lagune. Les coquillages élevés aujourd’hui sont les moules Mytilus galloprovincialis et majoritairement l'huître du Pacifique Crassostrea gigas, dont la production représenterait environ 10% de la production totale d'huîtres françaises et 90% des huîtres de Méditerranée française.

Des enjeux écologiques de préservation et conservation

La lagune et son bassin ‐ versant sont soumis à un régime de pluies torrentielles en automne et au printemps, caractéristique du climat méditerranéen. Les échanges d’eau entre la lagune et la mer sont la conséquence des différences de niveaux d’eau qui existent de part et d’autre des graus. Le vent, les apports d'eau douce et l'évaporation font varier les niveaux d’eau dans la lagune. Le régime de marée est microtidal, engendrant des variations de +/ ‐ 5,9 cm (Fiandrino et al., 2017). Le temps de renouvellement des eaux de la lagune est estimé en moyenne à 50 jours et le temps de résidence à 100 jours. Le changement climatique accroît la fréquence et l’intensité d’événements extrêmes, la hausse progressive du niveau de la mer et le réchauffement des eaux lagunaires (e.g. risque accru d’anoxies, blooms phytoplanctoniques, développement d’espèces invasives). Ces facteurs accroissent la vulnérabilité des écosystèmes, des biens, des personnes et des activités économiques, en particulier les métiers traditionnels (pêche, conchyliculture, viticulture). En outre, la Crique de l’Angle est une zone connue de départ des blooms du phytoplancton potentiellement toxique Alexandrium spp.

Enjeux liés aux impacts et/ou pollutions humaines sur la lagune de Thau

A partir des années 1960, l’augmentation des apports anthropiques, liée à la croissance soudaine de la population, a engendré des contaminations microbiologiques des coquillages en élevage et une dégradation de l’état de la lagune, lui portant préjudice sur les plans sanitaire, écologique et socio ‐ économique. Suite à la mise en œuvre d’importants travaux d’assainissement sur le bassin-versant, la lagune connaît actuellement une dynamique de restauration et d’oligotrophisation, favorisant la résilience de l’écosystème.

Activités d’études et de recherche menées par les équipes de l’Ifremer de Sète sur la Lagune de Thau

Le laboratoire  de Ressources et Environnement du Languedoc Roussillon (LERLR)  de l’Ifremer, responsable du projet ROME sur le site de lagune de Thau  s’inscrit dans ll’Unité Mixte de Recherche (UMR) MARBEC, MARine Biodiversity, Exploitation and Conservation (http://www.umr-marbec.fr/fr/). Cette unité développe des projets de recherche sur la lagune de Thau qui se concentrent sur trois principaux objectifs :

  • Décrire la biodiversité, comprendre la dynamique et le fonctionnement de cet écosystème lagunaire
  • Analyser l’impact des pressions anthropiques sur cet écosystème et développer des scenarii de réponses au changement global
  • Concilier exploitation (en particulier pêche et aquaculture) et conservation, et répondre aux attentes sociétales (expertise, innovation, remédiation)

Référent technique ROME pour la lagune de Thau: Ophélie Serais, Unité Littoral-LERLR, https://annuaire.ifremer.fr/cv/16800/
Référents scientifique ROME pour la lagune de Thau: Angélique Gobet -MARBEC-LAAAS, https://annuaire.ifremer.fr/cv/25984/